Dernière mise à jour : le 5 janvier 2014

    Lors d’un cours dispensé au Licence 1 Géographie à l’Université d’Avignon, je m’étais aperçu que la stratégie, au sens étymologique du terme, est davantage scalaire que spatiale. Sur un champ de bataille, la victoire se conçoit de manière spatiale (positionnement des troupes) et de manière temporelle (ordre d’attaque ou de retrait des troupes), mais également de manière scalaire. Même sur un champ de bataille de petite taille, les mouvements de troupe s’articulent sur plusieurs niveaux. C’est la coordination de ces niveaux dans l’esprit du chef de guerre qui mène pas à pas vers la victoire ou vers la défaite. Une analyse spécifique des grands traités militaires sur la question pourra montrer que cette approche scalaire des champs de bataille a été largement pensée depuis Sun Tsé de diverses manières.

    Cette intuition, largement qualitative, n’a jamais été quantifiée pour une raison simple : la géométrie fractale, unique outil permettant de mesurer les relations scalaires, n’a été inventée qu’à la fin du XXe siècle. À partir de là, le projet prend une nouvelle dimension particulièrement innovante. Il s’agit de proposer des stratégies purement scalaires se déployant dans l’espace et dans le temps d’un champ de bataille à partir, d’une part, de ce que l’on connaît des batailles passées de l’Antiquité à nos jours, d’autre part, l’appliquer aux nouvelles conceptions de la guerre de ce début du XXIe siècle. Ainsi, une double approche pourra être développée : la géohistoire des champs de bataille et l’avenir des champs de bataille. Le sujet est volontairement défini de manière très large, puisqu’il n’est pas envisageable de l’étudier sérieusement sans connaître l’évolution de l’histoire diplomatique, l’évolution des tactiques militaires, l’évolution de l’armement, l’évolution technologique, l’évolution des mœurs guerrières, etc. Ainsi, de nombreuses collaborations pluridisciplinaires en histoire, en droit, avec les institutions militaires françaises, etc., pourront être envisagées, afin de construire cette approche scalaire des champs de bataille.