Dernière mise à jour : le 18 octobre 2015

    Cette page propose mes commentaires de l'actualité à chaud.

12 octobre 2015 - Réponse du rectorat à la procédure de recrutement par la voie des travailleurs handicapés (suite et fin)

    Le ministère semble avoir fait une enquête sur moi pour en conclure au même résultat. Que faut-il faire dans ce pays pour travailler ? Visiblement, la France souffre plus que n'importe quel autre pays du syndrome de Peter… J'ai effectué trois mois de procédure, et je ne sais toujours pas la raison pour laquelle pour dossier a été refusé. La communication et la transparence de l'administration française dans toute sa splendeur… En attendant, je suis toujours sans aucune ressource, et sans réelle perspective d'avoir prochainement un emploi. La fin d'année s'annonce difficile.

6 octobre 2015 - J'ai vu une caricature du fonctionnaire.

    Sans ressource depuis fin juillet 2015, j'ai été voir le service chômage du rectorat de Lille. Là, je suis tombé sur une fonctionnaire avec un petit bureau et une salle remplie d'étagères sur lesquelles reposés de lourds dossiers. J'ai eu du mal à garder mon calme lorsque cette charmante personne m'a expliqué droit dans les yeux qu'elle avait trois mois de retard dans le traitement de ses dossiers, et que je n'étais par conséquent pas prioritaire, puisque les dossiers sont traités dans l'ordre d'arrivée. Je lui ai demandé. Comment survivre ? Ne manquant pas d'aplomb, elle m'a simplement dit d'aller à l'assistance publique, car rien ne la fera aller plus vite. Résumons : la France paye une fonctionnaire dans le but d'appauvrir encore plus d'anciens agents. On marche vraiment sur la tête. Comment vais-je rembourser Pôle emploi qui exige son dû le 5 novembre 2015 au plus tard, si le rectorat ne paie pas avant décembre 2015, voire janvier 2016 ?

15 septembre 2015 - J'ai enfin déposé un dossier de demande d'allocation chômage au rectorat !

    Entre le 10 juin et le 15 septembre 2015, j'ai vécu trois mois de ping-pong entre moi, Pôle emploi et le rectorat. Juste pour déposer un dossier de demande d'ouverture de droit au chômage. La gestion a été telle que je dois 850 € à Pôle emploi. Sans ressources, ça va être difficile de payer.

1er septembre 2015 - Loos-en-Gohelle 1 an après : Jean-François Caron ou l’art de la rhétorique

    J’ai eu deux entretiens dans ma vie avec Jean-François Caron, maire de Loos-en-Gohelle. Ce sont deux moments dans ma vie où j’ai pris conscience que, même si l’interlocuteur semble avoir les meilleures intentions du monde, il n’en demeure pas moins un homme assoiffé de pouvoir.

    Comment se passe un entretien avec Monsieur Caron ? C’est assez rapide à expliquer pendant une ou deux heures, il vous parle, et vous vous écoutez. Si vous avez la chance, vous pourrez placer trois phrases, et ce sera déjà extraordinaire. Dit autrement, Monsieur Caron reçoit un expert dans son bureau pour s’écouter parlé, c’est fantastique, n’est-il pas ?

    Il a une rhétorique politique toute prête et faite de clichés qu’il a pioché à droite et à gauche. Le problème est que, pour les points concernant mon domaine d’expertise à savoir l’analyse des systèmes en échelles, il racontait n’importe quoi. C’était très poétique, mais, en pratique, cela n’a aucun sens, et comme il vous empêche de parler, vous ne pouvez rien lui expliquer sur son erreur. Je pense que, si tant est que l’on puisse lui dire, il ne vous écoutera pas.

    En bref, le chantre du développement durable du Nord-Pas de Calais présente des difficultés fondamentales à gérer la société espérée par Rio de Janeiro en 1992, à savoir une société fondée sur le savoir et la culture, le tout articulé par de réelles valeurs humanistes, et particulièrement dans le monde du travail visant à annuler tout poids hiérarchique, dont la stupidité des décisions peut s’avérer édifiante.

    Le maire de Loos-en-Gohelle s’inscrit ainsi parfaitement dans la continuité des maires républicains, dictateur en leur commune. Une nouvelle fois, rien de bien nouveau dans le paysage de Loos-en-Gohelle.

    La commune nous vend qu’elle est passée du noir (les mines) au vert, mais elle ne sort pas du schéma de la modernité. Dans ce cas, où est sa faveuse révolution ? La modernité est fondée sur la notion de progrès, c’est-à-dire que l’histoire a un sens, une direction qui mène l’homme a davantage de confort et de connaissance. Elle a pour moteur la techno-science. Aujourd’hui, il n’est plus à démontrer que le projet de la modernité a montré largement qu’il ne fonctionne pas : les pauvres n’ont jamais été aussi pauvres dans une société d’abondance, et les riches n’ont jamais été aussi riches. Où est le progrès social ? La techno-science, même dans le cadre de ladite troisième révolution industrielle, a épuisé la Terre en moins de deux siècles. Où est le progrès environnemental ? Il n’est pas envisageable de parler de la culture ou des savoirs, puisque la direction actuelle prise par la France est l’imbécillisation des masses, car, même avec le soi-disant développement durable, la quasi-totalité des emplois du futur ne nécessiteront aucune espèce de savoirs, c’est-à-dire aucune qualification professionnelle. Par ailleurs, la connaissance apporte une politisation trop importante des masses, donc une prise de conscience de la bêtise profonde des hommes politiques, ne souhaitant qu’une chose, conquérir ou conserver leur pouvoir.

    Géographiquement, la modernité s’est traduite par la concentration des populations, de la richesse et de la culture en ville, au détriment des campagnes en deux processus, d’une part l’industrialisation, d’autre part la tertiarisation des activités, au détriment des activités agricoles, qui, mécanisées par l’industrie, n’avait plus besoin de main-d’œuvre. Loos-en-Gohelle s’inscrit dans une campagne. Certes, elle fait partie de la banlieue de Lens, mais la ville est complément déclassée par rapport à Lille, qui aspire tout ce qui peut l’être, comme toute métropole. Concrètement, cela se traduit par des mouvements pendulaires quotidiens. Les cadres ou hauts techniciens de la mairie ou de la zone d’innovation sur le développement durable viennent de Lille ou sa proche banlieue. Moi-même lors de mon stage, je faisais des allers-retours. La commune se bat pour afficher des bilans carbone ou autres indicateurs « écologiques » exceptionnels, alors que les actions quotidiennes de ceux qui portent le message sont très mauvaises. Il faudrait mettre à disposition un logement, par exemple, pour les stagiaires, il faudrait obliger les employés à résider à Loos-en-Gohelle, car la richesse apportée par la zone d’innovation, par exemple, ne profite pas à la population loossoise, qui, il faut bien l’avouer, n’a pas le niveau culturel et de savoirs ni pour entrer dans la zone d’innovation, ni pour porter les projets de la mairie.

    Tant que la commune de Loos-en-Gohelle ne sortira pas du schéma moderne portée par ladite « troisième révolution industrielle » de ce carabistouilleur de Jeremy Rifkin, personne ne pourra prétendre que Loos-en-Gohelle soit un exemple pour le monde de demain. Seuls des événements ponctuels bien organisés pour ne pas montrer la pauvreté locale, comme l’événement du 3 décembre 2015, convainquent les naïfs, comme pendant un temps.

    Pourquoi croire aux bonnes paroles du gourou Rifkin ? Déjà, rappelons-le, ce saint homme a coûté 350 000 € à la région pour une série de conférences, dont le contenu scientifique et technologique est plus que loufoque. La plupart de mes collègues physiciens ou ingénieurs pourront expliquer mieux que moi le fait que les idées portées par le gourou sont déjà largement mises en place, et ne marchent pas autant qu’il voudrait le faire croire. D’un point de vue géographique, elle est complètement absurde, puisque l’application du modèle proposée aboutit fatalement à renforcer la circulation généralisée, donc la nécessité de se déplacer dans un rayon relativement important, notamment pour aller travailler. Rappelons que le processus de mondialisation actuel est fondé tout simplement sur le fait que le coût de la main-d’œuvre immobile est moins cher que le coût de transport des marchandises. Néanmoins, derrière cette simplicité, la gestion opérée par les multinationales est d’une extrême complexité. Une erreur fréquente pratiquée en Europe fut de diminuer le coût de la main-d’œuvre, en oubliant qu’elle serait toujours trop chère par rapport à d’autres États du monde. Un vrai modèle de développement durable consisterait à relocaliser un peu partout des activités secondaires ou tertiaires qui ont été aspirées par la ville, du fait de la démocratisation de l’automobile et de l’aménagement absurde des grandes zones commerciales présentes aux sorties de villes. Il en va de même pour la politique énergétique. Quel est le point commun des énergies « vertes » ? La relocalisation des industries de transformation et de distribution ! En France, il y a du boulot dans ce domaine. La situation d’après 1945 a obligé l’État à prendre en main des énergies (gaz, pétrole, électricité) en créant des mammouths qui gèrent de manière centralisée les besoins de la population. C’était simple, car tous les éléments nécessaires à la fabrique de l’énergie, à base de carbone ou d’uranium, provenaient de l’extérieur de la France, or les énergies « renouvelables » sont localisées de manière homogène sur le territoire. Quels intérêts pourraient bien avoir les mammouths, devenus entre-temps des entreprises privées à haute rentabilité, à promouvoir l’énergie verte, cumulée dans les smart grids ? Au contraire, ils feront tout pour la freiner. Le dernier point problématique des idées de notre gourou est celle des smart cities. Si j’ai bien compris, car le concept est très vaporeux, il s’agit de fonder l’économie urbaine sur les réseaux numériques. L’objectif est d’obtenir des coûts équilibrés, notamment par l’absence de coûts marginaux. Cela me semble stupide, étant donné que la mécanisation, robotisation, automatisation, ont certes accru la productivité et la valeur ajoutée générée, mais ont également rendu inutile de nombreux emplois. Comment un parti plutôt de gauche peut-il tolérer cela ? Les élus, et pas seulement Jean-François Caron, ne trouvent-ils pas que la région Nord-Pas de Calais est assez sinistrée comme ça dans ce domaine !

    Comment stopper réellement le massacre de la planète en dehors du monde de Jean-François, disciple de notre gourou Rifkin ? En faisant l’inverse de ce que propose la soi-disant troisième révolution industrielle. Il faut démécaniser, détertiariser, désindustrialiser, désautomatiser, la société. Sans parler d’un retour à la terre, il est possible de cultiver localement un certain nombre de plantes et de légumes qui ne le sont plus. Il faut surtout mettre fin à l’agro-alimentaire actuel, basée sur l’industrialisation et la commercialisation de chose inutile, car la Nature nous l’offre sans intervention humaine. Cet aspect-là, le gourou n’en parle pas. Pourtant, l’agriculture naturelle, et non biologique fondée sur les mêmes préceptes que la techno-agriculture dénoncée, a donné d’excellent résultat un peu partout dans le monde. Elle a même permis à certains agriculteurs de retrouver de la valeur ajoutée et de renverser la pression des industriels en leur faveur. Pourquoi ignorer ces expériences ? Loos-en-Gohelle en promouvant le bio, est encore à côté de la plaque.

    En bref, Jean-François Caron se satisfait de ses idées, et ne désire pas en écouter de nouvelles, ou qu’on lui prouve qu’il a tort. Il se complaît dans l’ignorance et dans la médiocrité, et souhaite de même pour ses citoyens. Quel bel esprit pour un chantre du développement durable ?

15 juin 2015 - Réponse du rectorat à la procédure de recrutement par la voie des travailleurs handicapés (suite)

    J'ai bien entendu introduit un recours gracieux auprès du recteur immédiatement après la nouvelle du 20 mai 2015. J'ai reçu la réponse aujourd'hui, toujours composée du même message imbécile que j'avais reçu le 20 mai 2015. Le recteur a-t-il lu ce courrier ? J'ai un doute puisqu'il s'agit exactement de la même personne qui m'a répondu, à savoir la directrice des R.H. du rectorat. Il est amusant de noter qu'il s'agit également de la même personne qui signe mes contrats de suppléance. Comment peut-on tenir un tel discours paradoxal ? La décision de ne pas me titulariser aurait dû être suivie de mon renvoi de l'Éducation nationale. Cela aurait été logique, lorsque l'on est incompétent, on est fortement invité à quitter la structure qui nous emploie. Eh bien non ! Selon la logique de l'Éducation nationale, si je suis incompétent pour devenir fonctionnaire, je demeure compétent pour servir de variable d'ajustement au quelque 20 % d'enseignants défaillants de l'académie de Lille. Dans le genre, j'humilie mon personnel, c'est le top niveau, non ? À ceux qui auraient une vocation de devenir professeur, méditez bien cette situation. Peut-être vous trompez-vous d'employeur ?

20 mai 2015 - Réponse du rectorat à la procédure de recrutement par la voie des travailleurs handicapés

    Mon master 2 à l’I.PA.G. de Valenciennes (2012-2013) m’a fait découvrir une procédure de recrutement dans la fonction publique que je ne connaissais pas : la voie de recrutement contractuelle titularisante pour les personnes handicapées. Souffrant d’une maladie chronique, je me suis empressé de me faire reconnaître. J’ai tenté ma chance dans plusieurs administrations, mais aucune ne m’a rejeté aussi violemment que celle du rectorat de Lille.

    Je viens d’apprendre la douloureuse décision en ce jour. Je cite « Malgré la qualité de votre candidature et votre motivation, j’ai le regret de vous informer qu’il n’a pas été possible de réserver une suite favorable à votre demande [de recrutement]. En effet, les entretiens avec l’inspecteur d’académie-inspecteur pédagogique régional et le médecin de prévention ont révélé que vous ne possédiez pas le profil et les aptitudes nécessaires pour les fonctions postulées ». Hormis le fait que cette phrase soit complètement floue et ne veuille strictement rien dire, je trouve qu’il est très maladroit de la part de l’académie de prétendre à mon incompétence alors que j’enseigne en tant que remplaçant depuis le mois de janvier 2015.

    Par ailleurs, mon incompétence est principalement due, d’après les inspecteurs qui m’ont auditionné, au fait que je n’ai pas eu accès aux formations auxquelles j’aurais pu prétendre si j’avais été recruté par voie contractuelle. Ainsi, si j’en crois la logique de recrutement de ces individus, je suis condamné à rester incompétent. Je suis titulaire d’une maîtrise d’histoire, d’un master de droit public et d’un doctorat de géographie. J’ai 32 ans. J’ai déjà enseigné 5 ans à l’université d’Avignon et 6 mois dans les lycées de l’académie de Lille. Malgré tout cela, les personnes qui m’ont auditionné ne veulent pas miser sur moi. Ils souhaiteraient que je finance de ma poche une énième formation sans certitude, pour moi, d’avoir accès à un emploi stable. Non. Je ne vais pas financer une énième formation dans un master « éducation » dont l’issue serait parfaitement incertaine, d’autant que je n’ai plus droit à l’aide sociale du chômage depuis le mois de janvier. Ce coup-là, on me l’a déjà fait (cf. article sur Loos-en-Gohelle), et ça n’a pas été un vrai succès.

    Mon état de santé et mon âge ne me permettent pas d’envisager de préparer un concours aussi endurant que le C.A.P.E.S. ou l’agrégation, sans certitude d’avoir des subsides. Cela fait sept ans que je n’ai plus l’énergie nécessaire pour y parvenir. À ce sujet, je tiens à faire savoir l’incompétence de ces inspecteurs. En effet, pendant l’entretien régi par le décret de 1995, je n’ai eu aucune question sur mes méthodes pédagogiques, aucune question en général sur la manière de faire mon métier d’enseignant, aucun test, aucune information sur ce que je devrais faire, personne n’est venue voir l’un de mes cours. J’ai eu droit pendant une heure à un sermon m’expliquant les bienfaits de passer un concours interne, auquel juridiquement je ne peux prétendre, ou au recrutement par les emplois réservés, auquel je ne peux prétendre davantage. L’imbécillité des propos tenus par ces deux défenseurs de la connaissance en histoire-géographie m’a profondément frappé et blessé, car les inspecteurs m’ont purement et simplement renvoyé indirectement vers le concours externe que je ne pourrais jamais avoir pour les raisons invoquées au début de ce paragraphe. Être jugé « incompétent » par des incompétents me semble être une plaisanterie qu’il est difficile d’admettre dans une structure telle que l’Éducation nationale. Par ailleurs, il a été évoqué par ces vieux croûtons le fait que je sois jeune, donc que je pouvais attendre, mais ayant un corps qui a la puissance d’un homme de 60 ans, comment puis-je être certain d’être vivant l’année prochaine ? En clair, pour être recruté par cette procédure, il faut être grabataire. Cette discrimination due à mon âge est par conséquent très difficile à entendre pour moi. Les inspecteurs m’ont traité comme si j’étais quelqu’un n’ayant aucun handicap.

    En conclusion, je n’ai le droit ni d’être chercheur, poste auquel je postule depuis 2011, ni d’être enseignant-chercheur, poste auquel je postule depuis 2012, ni de travailler au sein des collectivités publiques en tant qu’administratif, poste auquel je postule depuis 2013, ni d’être enseignant dans un collège ou un lycée, à l’exception des postes de remplaçant. À quoi sert-il d’être un « bon élève » de l’Éducation nationale ? Toutes les portes se referment devant moi, et ce n’est pas faute d’y avoir frappées. Comment voulez-vous que j’enseigne à mes élèves ou à mes étudiants que l’égalité des chances existe lorsque moi-même on ne me laisse aucune chance de réussite ? Ainsi, je suis « compétent » pour remplacer des collègues qui ont été on ne peut plus défaillants. Par contre, je suis « incompétent » pour être titularisé par voie contractuelle. Quelle honte pour cette institution ! Ces inspecteurs reconnaissent qu’il vaut mieux payer des surdiplômés en dessous du S.M.I.C. plutôt que de leur faire gagner un vrai revenu. Je rappelle que toute procédure de ce type peut être vue comme un test, et, au bout d’un an, il est parfaitement possible à l’Éducation nationale de rompre le contrat pour « insuffisance professionnelle ». Cela étant, l’acception de pouvoir enseigner à la rentrée prochaine dans le poste qui m’a été refusé, m’aurait permis de suivre les formations à l’I.U.F.M. et d’être réellement évalué sur mes compétences, chose qui ne m’a pas paru évidente lors de mon entretien avec lesdits inspecteurs.

    Ainsi, ne faites rien à l'école, soyez des ignares, vous aurez plus de chance de réussir dans notre monde contemporain que ceux qui possèdent un savoir et un savoir-faire de haut niveau. Vive la France !

5 mars 2015 - Réponse lourde de sens de Loos-en-Gohelle à ma note du 10 décembre 2014

    En ce jour, j’ai reçu un courrier en recommandé-accusé de réception de la part de la commune de Loos-en-Gohelle. Inutile d’être un grand devin pour savoir qu’il s’agissait d’une réponse à mon petit commentaire de décembre dernier.

    J’ai décidé de ne pas ouvrir cette lettre pour deux raisons. Premièrement, le fait qu’ils aient besoin de se justifier et de répondre à mes remarques est une preuve suffisante pour moi : j’ai tapé dans le mille. Secondement, ce type de lettre est toujours impersonnel et sans intérêt pour son lecteur. Le blabla politique m’insupporte toujours au plus haut point.

    Pour finir, j'aimerais faire remarquer que la direction répond à un site qui a à peine 500 visiteurs par mois. Je lui remercie de me faire de la publicité.

7 janvier 2015 - L’attentat de Charlie Hebdo. Un peu de sang froid !

    Je ne suis ni lecteur, ni admirateur du travail de Charlie hebdo. Nous n’avons pas le même sens de l’humour. Pourtant, je suis profondément affecté par cet acte de violence ignoble.

    L’attentat de ce matin est une tragédie, il est vrai, mais il était largement prévisible, et chacun des journalistes et des dessinateurs qui sont décédés avaient pris des risques considérables en s’en prenant à des fous dangereux qui ne répondent que par les armes. Ils ont eu l’arrogance de penser qu’ils étaient à l’abri dans un pays où la presse est libre. Ils ont eu tort, mais ils ont défendu cette conviction jusqu’au bout. C’est en cela qu’il faut leur rendre hommage. S’ils ont eu peur, ils ne l’ont jamais montré. Aujourd’hui, nous avons perdu des grands, mais la relève ne laissera pas leurs morts vaines.

    Néanmoins, Charlie hebdo n’avait pas pour ennemi uniquement les intégristes musulmans fanatiques. Le quotidien n’épargnait personne, à son grand honneur. Je suis pour que l’on laisse l’enquête se poursuivre. Il est très facile de mettre une cagoule, de perpétrer un massacre immonde en criant les mots arabes « Allah Akbar !». Laissons la Direction générale de la sécurité intérieure (D.G.S.I.) et la section antiterroriste (S.A.T.) de la préfecture de Paris, ainsi que les services de police judiciaire du procureur de la République de Paris, faire leur travail : établir les faits. Français, il faut que nous gardions la tête froide ! Les auteurs de cet acte barbare ne veulent que terroriser et générer des débordements en tout genre, n’entrons pas dans leur jeu ! Ne leur faisons pas cette publicité médiatique qu’ils attendent. Parlons-en le moins possible, juste le nécessaire utile aux forces de police, et ainsi, ils seront découverts, traqués et maîtrisés. Ils paieront pour ce qu’ils ont fait, mais la précipitation médiatique à laquelle on assiste depuis ce matin n’est pas une option.

    Je présente toutes mes condoléances aux familles des victimes. Plus que les idées défendues par Charlie Hebdo, c’est à celles-ci en deuil auxquelles je pense surtout ce soir.

10 décembre 2014 - L'escroquerie de Loos-en-Gohelle

    Ce soir, je me laisse aller. Je vais vous parler de Loos-en-Gohelle, la plus grande escroquerie du développement durable.

    Il y a quelques mois j’ai effectué officiellement un stage au sein de la mairie de Loos-en-Gohelle. C’était une grande régression pour moi qui avait enseigné et cherché dans les milieux universitaires 1,5 an plus tôt. Comme tout le monde, j’avais cru à la propagande prétendant qu’il s’agissait d’une commune dont la gestion et la vision étaient différentes. Je nourrissais un grand espoir en pouvant montrer ce que je savais et savais faire à cette collectivité. Proche des idées de la commune et ayant des idées de développement, je pensais naïvement que la commune allait m’aider à percer professionnellement dans ma région d’origine. C’est pour cela que j’avais accepté de m’humilier en redevenant simple stagiaire, à un âge où l’on ne l’est normalement plus. Je suis tombé de très haut. Je n’y ai vu que des effets d’annonce, mais rien de concret, et surtout de réellement innovant dans les politiques du développement durable, « l’esprit loossois » n’est qu’une propagande. Je n’y ai vu que clowneries, pour ne pas dire imbécillités. L’escroquerie loossoise est la plus grande réalité visible dans cette commune d’environ 8 000 habitants au nord de Lens et de Liévin.

    Le cœur du développement durable, selon Rio, est le bien-être humain. Si les Loossois bénéficient d’une politique intéressante et originale dans ce domaine, la politique de la gestion des ressources humaines interne à la mairie est inexistante. J’ai rarement vu un lieu où la souffrance au travail et les discriminations au travail étaient aussi développées. J’ai rarement vu une gestion des ressources humaines aussi catastrophique. Dans certaines structures, elle est trop oppressante ; à Loos-en-Gohelle, elle est inexistante. Le maire s’amuse à lancer des projets pharaoniques sans se rendre compte qu’il n’y a aucun moyen technique d’y parvenir. Je ne parle ni des moyens humains, ni des moyens financiers, mais du fait qu’il y a trop de projets sans aucun lien entre eux, c’est-à-dire sans cohérence globale. Bizarre dans une commune soi-disant au fait du développement durable.

    Par ailleurs, le Directeur général des services (D.G.S.), au demeurant très gentil, adopte le comportement gestionnaire du pire patron néo-libéral qui pourrait exister sur Terre. Belle image par rapport au projet humain de Rio ! Il a une excuse me diriez-vous, la réduction de la dotation globale de fonctionnement. Excuse bidon ! Je me souviendrais toujours d’un jour où on a expliqué au D.G.S. les craintes d’une fuite d’eau importante, donc d’économies potentielles si on les réparait. Il a juste répondu « Ah bon ! On verra.  ». Manipulateur, exploiteur, mais surtout inhumain, son comportement nuit en général à la gestion des ressources humaines. Un suicide n’a-t-il pas eu lieu à Loos-en-Gohelle ? Personnellement, il a fallu que je menace la mairie pour me faire payer mon dernier mois de stage, soit 350 misérables euros pour un travail de cadre et un produit offert à la mairie valant 20 000 euros.

    J’avais fait la base de données structurée du système d’information géographique de la commune. En vertu de la loi sui generis des bases de données, j’en suis le propriétaire légal, mais personne ne semble vouloir payer les droits de l’esprit dans cette commune. Bizarre dans une commune soi-disant respectueuse des principes de Rio. Loos-en-Gohelle accepte de réunir les plus grands cerveaux (master, voire docteur comme moi), mais elle ne veut pas rémunérer leur expertise. Si ce n’était pas pitoyable, ce serait à mourir de rire.

    Bref, vous l’aurez compris, le projet loossois est ridiculisé en permanence et au quotidien par une politique de gestion des ressources humaines inexistante et porteuse de lourdes souffrances au niveau du personnel.

    Le développement durable, c’est aussi le développement économique et social avec des valorisations locales, avant d’être nationales ou mondiales. Pour ce, Loos-en-Gohelle est un pôle de compétitivité national. Qu’est-ce que c’est ? Officiellement, il s’agit de réunir en un lieu des cerveaux capables d’innovation technologique, économique et sociale. Concrètement, il s’agit d’une dizaine d’entreprises ou d’organismes para-publics que l’on met dans un bâtiment relativement délabré (la base du 11/19), tous sous tutelle plus ou moins directe du maire. Ainsi, la situation de ce pôle est tellement ridicule qu’il devrait disparaître aussi vite qu’il a été créé.

    L’économie du développement durable passe logiquement par un contrôle total d’un territoire. Or, le D.G.S. de Loos-en-Gohelle, ou même le maire, ne sait pas lire, de mon expérience, une carte. Le D.G.S. ne comprend même pas l’intérêt d’avoir une cartographie à jour du territoire qu’il gère. Il devrait. Cela éviterait qu’il se paie la honte d’ignorer le nombre d’établissements scolaires sur sa commune. Ainsi, on se demande avec quoi et sur quoi travaille le pôle de compétitivité. Encore une fois, les effets d’annonce, les amplifications d’épiphénomènes, tels que l’église et ses panneaux solaires, sont au cœur de la politique de Loos-en-Gohelle. Le rêve que l’on m’avait vendu est devenu un cauchemar.

    Le pire que j’y ai vu en termes de développement durable est sans doute la détérioration du site des terrils du 11/19. Si vous avez envie de mourir, allez sur les terrils, vous avez le choix de votre mort. Vous avez accès à l’autoroute A21. Vous pouvez alors soit vous y suicider tranquillement, et à toute heure puisque le site n’est jamais fermé au public, soit avoir un accident en tombant du haut du chemin et en roulant sur une pente de 45 % vers l’autoroute. Par ailleurs, il n’y a aucun gardien. Vous pouvez donc vous y faire agresser en toute tranquillité, ou avoir un accident sans que personne ne vienne vous chercher. La nuit, vous pourrez également vous faire écrasé par des quad fous, ou mieux faire du quad dans la carrière. L’état du site est lamentable. L’érosion due à l’ouverture de l’un des terrils est en train de creuser des sillons partout sur le site. La commune a investi une somme colossale sur le site. Aucune valorisation, aucun entretien de ce patrimoine n’ont été effectués. Les terrils sont le symbole de l’ambition démesurée du maire. Aucune commune de cette taille ne peut gérer ou entretenir un tel site. Les canyons ne vont faire que se creuser, surtout lorsque l’on sait que la mairie projette de faire paître des moutons sur les terrils, privant le terril ouvert de sa seule protection contre l’érosion, sa végétation herbacée. Classé U.N.E.S.C.O., par le maire de Loos-en-Gohelle d’ailleurs, le site devrait être transféré, en termes de gestion, au département ou à la région, et ce afin de sauver ce qui peut encore l’être. Les terrils les plus hauts de France risquent de devenir les bas au rythme l’érosion produit son œuvre inéluctable. Cela n’inquiète pas le D.G.S. De l’autoroute, on voit un canyon au sommet du terril ouvert, mais personne n’en interdit l’accès. Faut-il un mort pour le faire ? Sans doute, la responsabilité pénale du maire sera engagée alors. Enfin, c’est une nouvelle preuve du ridicule de Loos-en-Gohelle, même dans les questions environnementales de base. En effet, le Conseil municipal refuse de mettre des bancs ou des poubelles afin d’éviter de dégrader la beauté du site. C’est à mourir de rire lorsque l’on voit dans quel état est le site après 10 ans d’auto-gestion. Après tout, la commune investit environ 20 000 euros par an sur les terrils, alors qu’il en faudrait un million… Encore un projet pharaonique qui ne sera jamais achevé.

    Loos-en-Gohelle est par conséquent la plus grande escroquerie politique que j’ai vue en termes de développement durable, rien que pour ça il faut la visiter.

    Partiaux et rancuniers, ses propos n'engagent que moi, mais je les assumerai jusqu'au bout.

5 septembre 2014 - Le monde des escrocs… Oups ! De la recherche

    Le monde de la recherche a changé. Le chercheur est progressivement devenu un gestionnaire, un chef de projets. Ainsi, l'image du chercheur isolé semble passer de mode. En réalité, les équipes se sont développées, mais la législation concernant l'homme ou la femme solitaire existe toujours. Dit autrement, le monde de la recherche est un monde paradoxal dans lequel une somme d'individus parfaitement indépendants doit travailler ensemble dans le cadre d'une équipe… Aucun chef, aucune hiérarchie, aucune contrainte, aucune menace par rapport au travail non accompli, a priori, les observateurs pourraient penser qu'il s'agit d'une bonne chose, mais comment gérer un projet sans autorité reconnue ? La réponse est simple : c'est impossible.

    Tant de projets de recherche n'ont jamais abouti à cause de ce paradoxe. Ainsi, une réputation de « manque de sérieux » de la part des chercheurs académiques s'est constituée, à juste titre d'ailleurs. Si vous ne voulez pas qu'un projet aboutisse, confiez-le à un groupe de chercheurs ! Au-delà du comique de situation, il ne faut jamais oublier que cette comedia dell'arte se joue avec des financements publics, engloutis, gâchés, mal utilisés, faute d'une gestion de projet efficace et efficiente. Au final, un projet de recherche achevé par un chef de projet montre le talent de ce dernier dans le domaine, car qui a pu manager une équipe de chercheurs complètement indisciplinés peut manager n'importe quelle équipe quel que soit le domaine.

    Cela étant, le passage du solitaire à l'équipe de solitaires a été très brutal, et ressentit comme une attaque par la plupart des chercheurs, dont ce n'était absolument pas la culture. D'autant plus que la gestion de projets ne nécessite pas forcément une équipe. Ce rappel est fondamental, car le choix de devenir chercheur académique est un projet de vie d'abord et avant tout…

11 mai 2014 - Le wiki des concours de l'enseignement et de la recherche universitaires de Marianne Blidon

    Ce weekend, Marianne Blidon a fait connaître, sur GeoTamTam, l'argumentaire juridique justifiant l'usage du wiki pour les auditions des concours de l'enseignement et de la recherche. Voici ma réponse datée du 12 mai 2014.

    Je m'associe à tout ce qui a pu être écrit sur l'initiative du wiki : transparence, efficacité, perte de temps en recherche d'information limitée, etc.

    Le wiki est certes une application, enfin, du principe de transparence des concours de l'enseignement supérieur et de la recherche, mais j'ignore de quelle manière il va empêcher le recrutement des « poulains », prédésignés avant les concours, 90 % des universités recrutant aujourd'hui en local (chiffres de 2013 d'après le rapport annuel de la Cour des comptes). La différence entre l'avant wiki et l'après-wiki est que, avec du bon sens, n'importe qui sera au courant de tout. Je pense qu'il s'agit de la principale réticence. Cela pourrait avoir pour corollaire de soupçonner un recrutement qui n'utilise pas le wiki comme moyen d'information d'être « louche ». Cela étant, toute idée devient absurde dans un cadre intégriste... Espérons que cet amalgame ne se réalisera pas.

    Par ailleurs, le wiki évite de rompre le principe d'égalité du traitement des candidats au concours, ce qui se passe systématiquement, vu la qualité de rédaction de certaine fiche de poste sur Galaxie et vu le microcosme que constituent les enseignants-chercheurs et les chercheurs. Selon l'article 2 de la loi du 23 décembre 1901, un candidat à un concours, quel qu'il soit, ne doit avoir aucun contact privilégié, avant (début de la campagne) et pendant (analyse des dossiers et auditions), avec l'un des membres du jury notamment, ce qui inclut les discussions, les courriers, les courriels, les coups de téléphone, et plus largement tout moyen de communication direct ou indirect. Cela n'est pas toujours facile de concilier les difficultés internes du comité de sélection et le besoin légitime des candidats d'obtenir des renseignements plus complets. Les questions sur un poste pourraient être également organisées via un autre wiki interne aux universités pour chacun de leurs concours, afin que tous les candidats soient au courant de ladite question et de sa réponse. De telles dispositions existent déjà pour l'obtention d'un marché public par exemple, et sont loin d'être innovantes en soi. Tout contact avec le jury serait ainsi limité, même si l'on ne peut empêcher les relations interpersonnelles d'exister ; chacun agit en fonction de sa conscience professionnelle.

    Le wiki n'est qu'une première étape vers la transparence que je soutiens fermement, mais je doute qu'il résolve tous les problèmes posés par les recrutements universitaires à lui seul, sans une réflexion plus large desdits recrutements. Par comparaison et en toute objectivité, le Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S.) a fait beaucoup plus d'efforts que le Conseil national des universités (C.N.U.) dans ce sens. Tous les ans, de nouvelles dispositions allant vers plus de transparence sont mises en place dans la procédure de recrutement. Cependant, il est vrai que cela est plus facile pour le C.N.R.S. que pour le C.N.U. de mettre en place de telles dispositions ; le C.N.R.S. organisant des concours à un niveau exclusivement national, alors que, une fois la qualification passée, les recrutements universitaires sont locaux. Un wiki centralisateur prend alors tout son sens comme une première étape nécessaire vers une réformation des concours des enseignants-chercheurs plus profonde.

    Bizarrement, peu après publication de cette réponse sur GeoTamTam, les envolées lyriques sur l'importance du wiki dans la transparence des recrutements universitaires ont cessé rapidement. Coïncidence ?

6 mai 2014 - Le débat contradictoire dans les sciences

    Où t'es, débat, où t'es ? Où t'es, débat, où t'es ? Aujourd'hui, j'ai reçu un courriel de Diogo Queiros-Condé. Le contenu étant de nature privée, je vous en ferais grâce, mais il m'a fait réagir sur le problème du débat contradictoire dans les sciences.

    Plus le temps avance, plus je me demande si la science a perdu la raison. Paradoxe total, puisque la science est censée représenter la raison. Avec le développement des comités de lecture vérifiant la qualité scientifique d'un article ou d'un livre pour le compte d'éditeurs, on assiste une paupérisation, voire à une disparition totale, du débat entre scientifiques. En effet, tout relecteur peut refuser un article comme bon lui semble, sans que son auteur puisse se défendre. Je ne reviendrais pas sur des arguments longuement développés par L. Nottale sur son site personnel. Je vous y renvoie, car je les partage entièrement.

    Moi, ce qui m'inquiète le plus est la disparition des débats contradictoires dans les sciences, extinction on ne peut plus étrange, alors que tout scientifique digne de ce nom affirmera haut et fort que la vérité absolue n'existe pas dans les sciences. Or, avec le développement des comités de lecture, on a entendu parler plus d'une fois de cas où le relecteur refusait un article, faute d'être dans la mouvance de la mode scientifique du moment ou d'être un article iconoclaste détruisant toutes les connaissances actuelles d'un thème scientifique. Le texte aura beau énoncer des arguments clairs et précis, basés sur l'observation ou sur l'analyse, si le relecteur estime que l'auteur ment par rapport à la vérité absolue de la thématique de l'article, alors que ce même relecteur va peut-être dénoncer haut et fort la notion sur laquelle il a refusé l'article. Au final, les trolls n'existent pas que dans les forums sur Internet. Ils existent aussi dans les comités de lecture. La froide raison ne peut lutter contre les folles passions.

    Pourtant, le débat contradictoire est nécessaire pour faire avancer une réflexion. Les juristes (au sens large du terme) le savent bien. Lorsque les arguments tournent en rond, le débat contradictoire est achevé, et les tenants disposent de leurs propres arguments qu'ils peuvent confronter efficacement avec les contre-arguments de la partie adverse. Il s'agit d'un échange de nature humaine indispensable pour faire avancer le monde des idées. Colloques, journées d'études, cours en université, relecteurs, etc., en résumé, tous les rouages de la science aujourd'hui se refusent de débattre quoi que ce soit. A pense X et B pense Y. Il faut nécessairement que A domine B, et lui impose ses idées, et inversement. Tous les lissages de nature humaine disparaissent un à un, autant faire corriger les productions scientifiques par des robots dans ce cas. Ce serait moins cher et plus rapide, surtout que, aujourd'hui, des robots peuvent écrire des articles scientifiques que des comités de lecture de grandes revues ont accepté malgré la pauvreté évidente du style. Ainsi, les robots parleraient aux robots. Vers quelle science allons-nous ?

    Ainsi, pour être publié aujourd'hui, il ne faut plus avoir une idée à défendre, mais simplement un discours présentant ce que tout le monde a fait sur un sujet et débattre en interne tout seul sur le bien-fondé de l'éventuelle hypothétique idée qu'apporte l'article ou l'ouvrage soumis. Je croyais qu'un article n'était pas une dissertation, or ses codes soumis aux auteurs sont ceux de la rédaction d'une dissertation. Cela donne des textes pauvres et sans véritable intérêt pour les scientifiques eux-mêmes et pour les autres lecteurs. Où est le bon vieux temps où les scientifiques débattaient par articles interposés ? Je ne suis pas de nature nostalgique, mais ce dogmatisme scientifique ne vaut pas mieux par rapport au dogmatisme religieux. Il est inquiétant de voir des mouvements intégristes se développer dans les sciences. Comment dans ces conditions réaliser des innovations majeures ? La recherche dans ce cadre ne peut avancer qu'à pas de souris, voire de fourmi.

15 avril 2014 - Réflexion sur la nature des concours administratifs

    Les 22, 23 et 24 janvier dernier, j'ai passé le concours d'inspecteur des douanes. En ce jour, j'ai regardé mes résultats d'admissibilité. Je vous laisse juge.

  • Note de synthèse (coef. 6) : 10,00/20, soit 60 points

  • Droit public (coef. 4) : 10,50/20, soit 42 points

  • Géographie économique (coef. 4) : 20,00/20, soit 80 points

    Le résultat du concours est stupéfiant : non admissible. En effet, je n'ai obtenu qu'un total de 182 points sur 280, et il en fallait 200 pour être admissible. Je suis certes loin du compte, mais cela ne m'empêche pas de me poser des questions. Pourquoi si un candidat obtient une note en dessous de 05/20, il est automatiquement recalé, même s'il atteint le nombre de points de l'admissibilité, l'inverse n'est-il pas vrai ? Pourquoi un candidat ayant obtenu 20/20 à une épreuve n'est-il pas automatiquement admissible ? Il a été moins bon dans les autres matières, mais l'administration ne se priverait-elle pas d'un talent au sens de ses propres textes de recrutement ?

    Par ailleurs, je m'interroge de plus en plus sur le bien-fondé des épreuves académiques transposées au concours. Il me semble que les épreuves proposées sont de plus en plus arbitraires. Par exemple, l'épreuve la plus coefficientée de ce concours, la note de synthèse, n'est-elle pas on ne peut plus subjective par rapport à une dissertation. Néanmoins, la dissertation n'est pas plus subjective qu'un questionnaire à réponse courte (Q.R.C.), lui-même plus subjectif qu'un questionnaire à choix multiple (Q.C.M.). En parlant des épreuves avec un ami brésilien, il fut surpris d'apprendre que, en France, le recrutement des fonctionnaires, quelle que soit la catégorie, était peu objectif. Comment peut-on évaluer les compétences nécessaires pour un poste avec des épreuves pareilles ? Seules les connaissances permettent de vérifier l'aptitude d'un candidat. Après tout, l'admissibilité est censée sélectionner les candidats qui savent, qui maîtrisent, donc un bon vieux Q.C.M. est largement suffisant, alors que l'admission vérifie si la personnalité du candidat est en adéquation avec la fonction statutaire visée.

15 janvier 2014 - Aux voleurs !

    L'année dernière, j'ai soumis à la revue Espacetemps.net un article. Après examen par le comité de lecture, il n'a pas été retenu.

    Quelle ne fut pas ma surprise de constater que cette revue s'est permise de mettre en ligne en un format modifiable, donc pillable si vous me permettez ce barbarisme ! Une revue aussi prestigieuse bafouant les droits d'auteur les plus élémentaires ! Jusqu'à présent, mes demandes de plus en plus injonctives (un dégradé de trois courriels) n'ont pas permis de mettre fin à cette situation insupportable.

    Auteurs scientifiques, je vous appelle à boycotter la revue Espacetemps. Elle va vous refuser votre article pour le publier en ligne sans votre accord préalable et indispensable.

22 juin 2013 - La suppression de la procédure de qualification votées par le Sénat

    Dans la nuit du 21 au 22 juin 2013, une fausse bonne nouvelle a été votée au Sénat : la suppression de la procédure de qualification au concours de maître de conférences (MCF) et de professeur des universités (PR).

    L'argumentaire de la Sénatrice qui a fait voter cet amendement, est tout à fait fondé, la procédure de qualification en l'état actuel ne sert strictement à rien ; elle coûte chère pour ce qu'elle apporte. Personnellement, j'ajouterai volontiers qu'elle encourage paradoxalement, malgré son statut national, le localisme au sein des Universités.

    Ce vote a bien évidemment suscité un levé de bouclier de la part des universitaires. Un effet comique du « je ne sais pas pour les autres sections, mais, dans la mienne, on procède de manière tout à fait sérieuse » a été tout à fait remarquable. Traduction : aucune structure n'est dans la capacité d'analyser globalement ce qui se passe dans chacune des sections ; personne ne regarde ce que fait sa voisine. Dans notre section, c'est bien fait, mais dans les autres, je ne sais pas. L'argumentation est bien faible, et à la limite du ridicule. Aucun universitaire n'a l'air de comprendre les problèmes de la procédure visée, et pourtant ils sont nombreux.

    Que les choses soient bien claires, la manière dont la procédure de qualification a été supprimée me choque, mais cela ne doit pas empêcher de réfléchir quelques minutes sur cette procédure typiquement française. Je débuterai ma réflexion par le fait que la majorité des sections du Conseil national des universités (C.N.U.) donne la qualification à tout le monde. Je précise ma pensée, à tout ce qui mérite de s'appeler un projet de thèse achevé, incluant la thèse en elle-même, les travaux de publication qui en ont découlés et de tout ce qui peut faire le quotidien d'un enseignant-chercheur. En quoi est-ce un problème, me direz-vous ? Il est normal de récompenser les bons éléments. Certes, mais combien de postes seront ouverts dans la section pendant l'année ? Le C.N.U. qualifie sans le savoir, mais est-il naïf ? Tous les ans, le nombre de postes diminue ou reste constant. Prenons un exemple virtuel :100 candidats à la qualification ; 60-70 reçus en général ; 20 postes offerts ; soit 40-50 qualifiés n'obtenant aucun poste. Ceci est l'occasion de rappeler que l'objectif de qualification est de dresser une liste de candidats qui pourront avoir un poste, pas de créer une file d'attente interminable. En effet, la qualification est valable quatre ans, ce qui fait que, à ces nouveaux candidats, il faut ajouter les 120-150 non retenus des années précédentes. Il faut moduler l'affirmation par le fait que, parmi les nombreux écartés, certains trouvent des postes au sein des organismes de recherche ou dans le secteur privé. Néanmoins, le nombre de postes ouverts n'y étant également pas extraordinaire, le nombre de personnes restant sur la touche est encore trop élevé. Là, on peut rebondir sur le localisme. La position globalement retenue au sein du C.N.U. est claire. Je qualifie, et je me lave les mains de ce qui se passera dans les comités de sélection des universités. Une nouvelle fois cette posture est inacceptable et insupportable. Dans le troupeau des personnes qualifiées, il y aura fatalement les fameux  «poulains » que tant d'universitaires dénoncent. Pour ceux qui l'ignoraient, les poulains sont des personnes ayant des postes réservés, faussant complétement les concours de recrutement.

    Si l'on reprend la théorie des pouvoirs de Montesquieu, chaque pouvoir doit être contrebalancé par un autre. À l'origine, le pouvoir de la procédure de qualification devait contrebalancer celui des comités de sélection. Si le C.N.U. qualifie un maximum de personnes, cela revient à donner tous les pouvoirs aux comités de sélection locaux au sein des universités. Dit autrement, la procédure de qualification ne sert strictement à rien. Elle a perdu toute sa substance, toute sa légitimité. Ainsi, même si je ne doute pas du sérieux du travail des universitaires au sein des sections, ils ne font pas une bonne sélection. Une vraie procédure de qualification doit également éliminer les bons candidats, mais qui ne satisfont pas les critères de la section.

    Cela permet de rebondir sur l'opacité totale de la procédure. Chaque section met en place sa recette de cuisine interne qui lui est propre, mais aucun candidat n'en a connaissance. Personne ne sait vraiment sur quels critères les dossiers seront évalués. Si bien qu'aucun candidat ne sait vraiment ce qu'il doit faire concrètement. Notons que la même opacité existe au sein des comités de sélection des universités. Alors que les marchés publics ont de plus en plus de critères pour déterminer l'offre la mieux disante, critères pondérés par un pourcentage, les concours scientifiques n'en ont aucun, si bien qu'un candidat peut être parfaitement éliminé pour des raisons racistes, sexistes, politiques, religieuses, etc. sans difficulté, puisque la section a le pouvoir de refuser un candidat sans se justifier. La même situation est envisageable dans les comités de sélection.

    Dit autrement, et c'est là que réside la fausse bonne nouvelle, le recrutement dans les universités se fera directement au sein des jurys de thèse. Ainsi, un doctorant ne souhaitant pas faire carrière, pourrait voir son travail de thèse mal évalué dans son jury, l'handicapant par la suite pour son projet professionnel. Problème de taille puisqu'il n'existe aucun recours pour une mauvaise évaluation d'un travail de thèse, le jury est souverain. De plus, l'existence de la procédure de qualification prouve qu'il est soutenu tous les ans une série de thèses qui n'en sont pas, c'est-à-dire que si les directeurs de thèse étaient honnêtes, ils devraient alors refuser des doctorants pour cause d'incapacité à réaliser une thèse. Intenable au sein des laboratoires de recherche universitaires qui ont un besoin permanent de doctorants pour montrer la vitalité de leur laboratoire.

    La procédure de qualification doit à mon sens être maintenue, mais elle doit être profondément renforcée afin de responsabiliser les membres du C.N.U. et de la rendre beaucoup plus transparente.