Dernière mise à jour : le 9 janvier 2024

J’ai lu : « L’histoire selon Dingo »

Date de publication : 11/08/2022

Aujourd’hui, un petit post très léger, mais important. Il s’agit de vous parler d’une série de bandes dessinées Disney qui m’a marqué, et je ne suis pas le seul dans ce cas, dans mon enfance, L’histoire selon Dingo. La série est composée d’histoires indépendantes, mais reposant toutes sur un même humour absurde. Par ailleurs, les traits des auteurs sont très reconnaissables, ce qui était rare à une époque où les aventures de Dingo étaient toutes signées par Walt Disney. Aujourd’hui, probablement parce que la situation était devenue tellement ridicule presque un siècle après la mort de Disney qu’il fallait y mettre un terme, l’entreprise Disney reconnaît de plus en plus l’existence de ses auteurs en les nommant explicitement que ce soit pour les séries actuelles, ou que ce soit pour celles plus anciennes comme L’histoire selon Dingo.

Ces aventures "historiques" ont été écrites et dessinées entre 1976 et 1987. Elles nous viennent de l’école Disney argentine. Tous les scénarios semblent avoir été écrits par Carl Fallberg (1915-1996). Par contre, les dessins sont signés en fonction des histoires par Rubén Torreiro (né 1951), Hector Adolfo de Urtiága (né en 1927) et Anibal Uzál (?-2000). La publication de cette saga débuta en France à partir de 1987 dans Picsou Magazine, puis exclusivement dans Super Picsou Géant.

La structure des B.D. est toujours la même. Les auteurs choisissent un personnage ou un thème historique plus ou moins connu, et déforment toutes les anecdotes que l’on connaît sur eux sous la forme d’un humour absurde. Tout comme les B.D. de Keno don Rosa, la saga L’histoire selon Dingo dispose de cases remplies de nombreux détails renforçant l’aspect comique de la situation. Cela reste par conséquent un exercice facile de retrouver les autres sagas de ces auteurs. Principalement, et toujours publiées essentiellement dans Super Picsou Géant, on leur doit également la série Le professeur Dingo raconte... (1979-1983) et les aventures du personnage de Sir Lock. Ces dernières mettent en scène Sir Lock et Mickey dans le Londres de la fin du XIXe siècle. Si ces deux autres sagas sont de bonne facture, elles n’égalent pas pour moi L’histoire selon Dingo.

Enfant, je n’avais pu lire que quelques aventures, et je n’avais pas forcément tout compris. Depuis quelques années, adulte, j’ai commencé à compléter ma collection de Super Picsou Géant et à lire la saga avec un autre œil, celui d’un homme qui avait fait des études d’histoire, et qui connaissait par conséquent la quasi-totalité des faits historiques déformés par les auteurs. Là, j’avoue, c’est jubilatoire, car ce sont des génies. Ils arrivent à faire de la moindre anecdote historique une histoire délirante autour des personnages Disney de Dingo, Mickey, Clarabelle et Horace, notamment. Chaque histoire possède 44 pages, et je vous assure, on ne s’ennuie pas.

Avec mon œil d’adulte plus ou moins éclairé, il est difficile de croire que ces histoires sont destinées à un public uniquement pour enfant. D’ailleurs, l’enfant que j’ai été avait trouvé très drôle les histoires que j’avais lues, mais j’étais suffisamment intelligent à l’époque pour comprendre qu’il s’agissait d’un délire, que rien n’était vrai. Que nenni ! La plupart des faits étaient vrais, mais ils étaient déformés, rendus hilarants. Par exemple, le fait que le père de Strauss refusait que son fils devînt musicien est une véritable anecdote historique. Dans sa version Histoire selon Dingo, toute l’intrigue se concentre sur ce fait qui construit tout l’humour de l’histoire. L’humour peut également se construire en réécrivant l’Histoire. Ainsi, le Christophe Colomb de L’histoire selon Dingo n’a jamais découvert l’Amérique, mais surtout découvre que la Terre est plate (rien que ça). L’histoire s’achève avec les caravelles tombant dans le vide ! Bref, vous l’aurez compris, c’est tout simplement génial. De telles histoires poussent à en savoir plus, à connaître ce qui est vrai de ce qui est faux, c’est une excellente introduction à la méthode historique.

D’autres aventures se concentrent sur une thématique en reprenant des personnages mythiques ou issus de la littérature populaire. Il existe une Histoire selon Dingo sur le personnage d’Ulysse par exemple, sur la fin du XIXe siècle avec une adaptation très libre de 20 000 lieues sous les mers qui ne sert de prétexte qu’à introduire la mentalité londonienne de l’époque, sur la fin de l’empire romain, etc. La série est vraiment très riche et très variée.

Il est compliqué de savoir si l’intégralité de la série a été publiée en français. D’après les pages HTML que j’ai trouvées et consultées en ligne et les numéros que je possède publiant l’une de ces histoires, 33 histoires ont été publiées en France, et très peu republiées. Toutefois, il semble qu’il manquerait en version française : Le roi Midas, Toutânkhamon et Le tour du monde en 80 jours, mais il se peut que je ne sois pas tomber sur les numéros les éditant. Pour vous donner l’eau à la bouche, voici les publications connues :

PM 184 (mai 1987) : Le roi Arthur (Réédition dans SPG 222 en février 2021)

SPG 18 (juillet 1987) : Léonard de Vinci (Réédition dans Méga Picsou 1 (ou SPG 217) en avril 2020)

SPG 19 (juillet 1987) : Marco Polo

SPG 20 (septembre 1987) : Louis Pasteur

SPG 21 (novembre 1987) : Hannibal

SPG 22 (janvier 1988) : Frankenstein (Réédition dans MP 251 en novembre 2000)

SPG 23 (mars 1988) : Ulysse (Réédition dans MP 248 en août 2000)

SPG 25 (juillet 1988) : Galilée (Réédition dans SPG 219 en août 2020)

SPG 26 (septembre 1988) : Hercule (non lue)

SPG 27 (novembre 1988) : Aladdin (non lue)

SPG 28 (janvier 1989) : Barnum (non lue)

SPG 29 (mars 1989) : Stradivarius

SPG 30 (mai 1989) : Archimède (non lue)

SPG 31 (juillet 1989) : Strauss

SPG 32 (septembre 1989) : Docteur Trankill et Mister Twist (non lue)

SPG 33 (novembre 1989) : Ali Baba (non lue)

SPG 34 (janvier 1990) : La chute de l’empire romain

SPG 35 (mars 1990) : Dingo Khan

SPG 36 (mai 1990) : Dingo Eiffel

SPG 37 (juillet 1990) : Dingo Midas

SPG 38 (septembre 1990) : L’homme invisible (Réédition dans MP 254 en février 2001)

SPG 39 (novembre 1990) : Dingo Newton

SPG 40 (janvier 1991) : Dingo Quichotte

SPG 41 (mars 1991) : Les Lusiades

SPG 42 (mai 1991) : Benjamin Franklin

SPG 43 (juillet 1991) : Dingo Crusoé

SPG 44 (septembre 1991) : Guillaume Tell

SPG 45 (novembre 1991) : Davy Dingo

SPG 46 (janvier 1992) : Casanova

SPG 47 (mars 1992) : Christophe Colomb (Réédition dans SPG 220 en octobre 2020)

SPG 48 (mai 1992) : Van Winkle

SPG 50 (juillet 1992) : 20 000 lieues sous les mers (Réédition dans SPG 221 en décembre 2020)

SPG 51 (septembre 1992) : Gutenberg (Réédition dans SPG 218 en juin 2020)

SPG 52 (novembre 1992) : Beethoven

[PM : Picsou magazine, SPG : Super Picsou Géant et MP : Mickey Parade]

Comme vous pouvez le lire, il s’agit d’une série absolument géniale, ne serait-ce que par sa diversité. Elle fait partie des œuvres qui aident à aimer l’Histoire et ce qu’elle peut représenter. Il est dommage que la lecture de ces histoires soit rendue difficile par le fait que très peu d’entre elles ont été rééditées. En effet, si l’humour convenait bien dans les années 1980, force est de constater qu’il a vieilli, car les jeunes générations depuis les années 1990-2000 n’apprennent quasiment plus rien en histoire à l’école, au collège et au lycée ; il est difficile pour elles ne serait-ce que de connaître les personnages développés. Espérons qu’un jour l’œuvre aura le droit à une B.D. cartonnée comme le propose actuellement les éditions Glénat pour d’autres séries.

Maxime Forriez.

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